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Se découvrir surdoué(e) à l’âge adulte, témoignage

Se découvrir surdoué(e) à l’âge adulte… Ça peut prêter à rire. En tous cas, ça m’a fait rire lorsque l’une de mes amies a évoqué cette possibilité me concernant.
Évidemment, ma tête était remplie d’images et de caricatures de surdoués « premier de la classe ». Ça ne me correspondait pas. J’étais plutôt dans la moyenne à l’école.
Puis, à l’énoncé de quelques-unes des caractéristiques, j’ai compris. J’ai reconnu des membres de ma famille. J’ai reconnu mes enfants. Le pont entre les deux, c’était moi. Ça faisait écho.

ëtre différent parmi les autres

Le doute s'installe

Incompréhension, malaise, séisme.
Des questions, des doutes et puis non, c’est impossible car absurde. Mais pour qui voudrais-je me faire passer ?
Et pourtant, au fond de moi, il y avait quelque chose qui disait : oui, c’est ça.
Et puis non, c’est idiot, je n’ai rien d’exceptionnel… La caricature est toujours là.
Des lectures. De nombreuses lectures. Non, ce n’est pas moi. Et pourtant, je suis fascinée par ces lectures… Qu’est-ce qu’il se passe ?
Non, vraiment n’importe quoi. Je fais des insomnies. Des cauchemars aussi. Les lectures font remonter à la surface des souvenirs oubliés. Il y a des éléments qui collent… Et c’est ça l’hypersensibilité ?

Le syndrome de l’imposteur

Je découvre la notion de syndrome de l’imposteur. Voilà qui est intéressant. Mais, pour ma part, je suis probablement victime d’un biais cognitif. Je ne vois que ce j’ai envie de voir. Oui, l’injustice me fait sortir de mes gonds … mais après tout, il est bien normal de réagir quand on est face à une injustice, non ? D’ailleurs, pourquoi certains ne réagissent pas ?
Et puis je n’ai jamais eu l’impression d’être douée en quoique ce soit.
Ça suffit. Je vais régler ça. Je vais en avoir le cœur net : je fais tester ma fille. Je ne prends pas le risque me concernant, je risquerais de me ridiculiser.

Identification du haut potentiel

Ma fille est identifiée officiellement hpi. Pas de doutes possibles.
Ça explique des remarques concernant ses habiletés, sa manière de parler et de s’intéresser à tout ce qui l’entoure dès son plus jeune âge.
Ça explique aussi des situations qui ont posé problème dans son jeune parcours scolaire. Elle me disait : « Mais maman c’est nul l’école, on ne fait que jouer ! », et cette agressivité qu’elle a exprimé à l’entrée du CE1. L’ennui s’exprimait déjà.
Pourtant, je me souviens avoir dit : « mais le neuropsy ne s’est pas trompé ? Il a dû inverser les chiffres c’est trop ! ». A l’écrire aujourd’hui, j’avoue que ma réaction me fait rire.

La transition : Apprivoiser la différence

Je ne pouvais plus nier cette différence cognitive pour mes enfants. Mon deuxième était encore trop jeune pour être testé. Il ne faisait aucun doute qu’il était concerné également. L’avenir l’a confirmé.
Et moi alors dans tout ça ? Perdue.
Perdue dans mon être : qui suis-je ? C’est quoi cette histoire de faux-self ? 
Perdue dans mon rôle de maman : je ne sais plus ce qui est bon pour mes enfants. Comment dois-je m’y prendre avec eux ?
Perdue dans mon travail : Mais qu’est-ce que je fais là ?
Je prends les choses en main : je consulte, j’apprends, je me redécouvre, je les redécouvre, je comprends et j’apprivoise.

Une renaissance : une deuxième vie commence.

Je vie une deuxième vie car mon regard sur ma vie et sur le monde a changé.
Tout est différent, j’ai enfin compris. J’ai assimilé. Plus rien ne sera comme avant.
Comprenant mieux mon fonctionnement comme celui de mes enfants, je réadapte pour du mieux-être. Pas d’apitoiement sur les possibles difficultés des hpi. Je vais en faire une force.
Je suis heureuse car mes enfants ont de la chance d’avoir été identifiés jeunes.  Alors, à chaque problème sa solution. Je règle les choses pas à pas. J’ai retrouvé ma place dans ma vie, auprès de ma famille, auprès de mes enfants et au sein de ma vie professionnelle. J’avance.
J’ai encore des doutes, tous les jours… puis moins souvent. Il est difficile à canaliser ce syndrome de l’imposteur.
 Mais ce n’est pas grave. Car, maintenant que je connais mieux mes forces comme mes faiblesses, je sais comment garder le cap et transmettre ces nouvelles connaissances, aptitudes et nouveaux comportements à mes enfants.

Avoir "l'identification heureuse"

Heureuses sont les personnes identifiées « zèbres ». L’ignorance de sa différence cognitive est le lit de la souffrance. En prendre conscience permet de redevenir acteur de sa vie. Être responsable de ses actes en se repositionnant au premier plan. En sortant de ce rôle de victime qu’on s’attribue parfois, le bonheur apparait. Il n’était pas si loin finalement…
Apprivoiser sa différence, c’est s’adapter à soi pour mieux vivre ses particularités.
Intégrer sa différence, c’est cesser de s’en servir pour s’opposer et se couper des autres. Nous vivons tous sur la même planète. A nous les zébrés, de créer et renforcer les liens qui nous unissent les uns aux autres. A nous de le transmettre à nos enfants. Le monde n’en sera que meilleur.

Et vous comment avez-vous vécu cette prise de conscience ?