Il est toujours intéressant de prendre connaissance du vécu des autres parents. En effet, cela permet de prendre du recul sur sa propre expérience et de trouver du soutien lorsque l’on se sent démuni face à la découverte de la précocité de son enfant. Découvrez le témoignage de Fabienne, professeur des écoles et maman d’un enfant précoce.
Découverte de la douance
Notre fils avait de nombreuses difficultés en lecture et écriture mais pour dire qu’il était
dyslexique, notre orthophoniste nous a demandé de lui faire passer un test de QI, ceci afin de s’assurer
qu’il avait un QI dans la norme. Il s’est avéré qu’il est surdoué.
De ce fait, ça a expliqué beaucoup d’autres problèmes de comportement, de difficultés avec ses pairs… Je ne connaissais absolument pas la dyslexie, la douance… J ’ai appris ! Avec le recul il y avait des signes que je n’avais pas vu ou pas voulu voir. Pourtant ma sœur me le disait et la bibliothécaire aussi, dès la maternelle. Chez nous c’est probablement le papa qui l’est (sans le s avoir). Il a découvert la
douance avec son fils.
Les effets et l'apprivoisement de la découverte
Notre fils a commencé à aller mieux quand on a compris, qu’il a compris qu’il était différent et
qu’il fallait l’accepter. Une psy m’avait dit : « votre fils va bien, il n’est pas dans la norme et
personne n’arrivera à le faire rentrer dans les petites cases, c’est à vous de l’accepter » et
effectivement depuis ça va bien, enfin mieux.
Au début j’ai ressenti une grande fierté. Un mélange fort d’ émotions. Envie de le dire, de le
partager … et j’ai vite compris que c’était compliqué de le dire, de l’assumer.
J’ai aussi été rassuré quelque part car depuis la maternelle, les professeurs nous alertaient sur son
comportement. On a enchaîné les psys, jusqu’à ce qu’on mette des mots sur la douance et la
dyslexie. Avec lui (les diagnostiques ont eu lieu en ce2) on en a beaucoup parlé. On lui a expliqué.
En Ce2 il a eu aussi un professeur qui l’a beaucoup aidé (ce qui n’était pas le cas avant) et qui
nous a clairement dit que ce ne serait pas pareil en cm1. Effectivement, avec le système scolaire c’est une bataille assez régulière !
Nous avons donc fait le choix de le mettre dans une toute petite école pour enfants précoces en difficulté qui elle aussi nous a aidé. L’échange avec d’autres parents, d’autres enfants a été un plus.
Cela a été très difficile pour moi, fille d’enseignant de sortir mon fils du système scolaire classique ! Et surtout d’accepter qu’il ne suffît pas de le faire lire plus pour qu’il arrive à lire !!! Comme savaient si
bien me le dire mes parents. En 5e il a fait le choix (un peu motivé par moi) de revenir dans le
système classique. Cela s’est relativement bien passé. Il est aujourd’hui en seconde et c’est de
nouveau très difficile. Alors que je croyais que ce serait le collège le plus difficile pour lui…
Il me semble que rien n’est simple avec lui. Mais comme par hasard il veut devenir psychologue
pour adolescents.
Retour sur le témoignage
Ci-dessus, Fabienne exprime bien la nécessité de prendre en compte le diagnostic
pour favoriser le bien être de son enfant. Elle témoigne aussi d’une dissonance cognitive ressentie
en tant qu’enseignante . Elle a réalisé qu’il ne sert à rien de faire lire plus pour arriver à lire.
Une autre explication aux difficultés de son fils a changé sa perception de la réalité. Son regard sur
l ’école est également intéressant car il permet de mettre en valeur les difficultés d’intégration de
l’enfant intellectuellement précoce dans le cadre scolaire. Elles se manifestent ici dans un cadre relationnel avec les autres élèves et avec les professeurs.